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L’Imperia Hôtel privé d’eau pendant 60 heures

Photo : Courtoisie –

L’Hôtel Imperia souhaite une entente avec la Ville de Saint-Eustache, appelant à une compensation des pertes encourues.

L’Imperia Hôtel privé d’eau pendant 60 heures

Publié le 10/10/2025

Un bris d’aqueduc survenu dans la nuit du 23 août 2025 a plongé l’Imperia Hôtel dans une situation de crise, privant plus de 250 clients d’eau courante pendant 60 heures.

Selon les informations initialement transmises par les services municipaux, il devait s’agir d’une simple diminution du débit d’eau. Or, l’approvisionnement a été totalement interrompu jusqu’au 25 août à midi, affirme la directrice, Cindy Lafrance.

Cette coupure d’eau prolongée a engendré de nombreuses plaintes de la clientèle, des remboursements et dédommagements importants, ainsi qu’une perte de revenus considérable. « La réputation de l’hôtel a pris un sérieux coup », se désole Mme Lafrance.

« Dans la nuit du 23 au 24, vers minuit, Simon Hugues-Dorion, contremaître à la division des bâtiments de la Ville, est passé à l’hôtel pour nous aviser qu’il y avait un bris d’aqueduc qui devait diminuer le débit d’eau », raconte la directrice, précisant qu’à ce moment-là, le débit était faible pendant environ 30 minutes. Le représentant municipal a laissé sa carte en indiquant de téléphoner en cas d’urgence.

« Après, je n’avais plus d’eau du tout, du tout, du tout dans mon hôtel », poursuit-elle.

Plongés dans la crise

« Dans la nuit de samedi à dimanche, nous avons tenté à plusieurs reprises de joindre le responsable désigné par les services municipaux, mais sans succès, ce qui a accentué la frustration et le sentiment d’abandon face à cette crise », explique Mme Lafrance dans une lettre adressée au maire Pierre Charron.

L’Hôtel Imperia affichait complet avec plus de 250 résidents, incluant des mariages. « Cette clientèle-là, moi, je ne pourrai plus jamais la revoir parce qu’ils ont vécu une expérience atroce », déplore-t-elle, dénonçant l’absence de communication de la Ville.

« Vers 11 h lundi matin, j’ai réussi à joindre la Ville en leur disant que je n’avais pas d’eau dans mon hôtel. […] » Des employés municipaux se sont finalement déplacés et ont constaté qu’il n’y avait effectivement pas d’eau avant de résoudre le problème, explique la directrice. Une nouvelle coupure de trois heures a toutefois suivi dans la nuit de lundi à mardi pour effectuer les travaux.

Appel au maire et mise en demeure

L’Hôtel Imperia a ensuite sollicité l’intervention personnelle du maire Pierre Charron « afin que ce dossier soit traité avec la plus grande attention par les instances compétentes de la Ville et qu’une solution équitable soit trouvée quant à l’indemnisation des pertes encourues ». Selon la lettre adressée au maire, « une gestion plus rigoureuse et une communication transparente auraient permis d’atténuer considérablement l’impact sur les entreprises et les citoyens touchés ».

Parallèlement, une mise en demeure a été envoyée au Service du contentieux de la Ville. L’établissement y dénonce « une absence de suivi inacceptable » et met la Ville en demeure de procéder à l’indemnisation intégrale des pertes financières subies. Le document exige également une confirmation écrite, dans un délai de dix jours ouvrables, des démarches que la Ville entend mettre en œuvre pour régler le dossier. « À défaut d’obtenir une réponse satisfaisante dans ce délai, nous nous verrons dans l’obligation d’exercer tous recours nécessaires devant les instances compétentes, incluant une poursuite judiciaire », précise la mise en demeure.

Mme Lafrance déplore avoir reçu une fin de non-recevoir de la part du maire, dont elle espérait « un appui personnel ». Selon les documents transmis à la rédaction, l’hôtel a essuyé des pertes de plusieurs milliers de dollars.

La Ville décline toute responsabilité

Dans sa réponse officielle, la Ville de Saint-Eustache décline toute responsabilité et refuse toute indemnisation. « La Ville a été prudente et diligente dans l’entretien de son réseau d’aqueduc et prend toutes les précautions qui s’imposent pour prévenir la survenance d’un bris », indique le Service du greffe et des affaires juridiques.

Il rappelle qu’en vertu de la jurisprudence, « les citoyens doivent subir les inconvénients normaux des travaux d’aménagement municipaux » et qu’« une personne n’a donc pas systématiquement droit à une indemnisation chaque fois que survient une fermeture temporaire du réseau d’aqueduc ». La Ville invoque aussi sa réglementation municipale, selon laquelle elle « a le droit de fermer l’eau pour effectuer des travaux au réseau de distribution et ne peut être tenue responsable des dommages résultant de ces interruptions ou d’une insuffisance d’approvisionnement ».

Des versions qui s’opposent

Concernant l’intervention sur place, la Ville affirme qu’« un représentant du Service des travaux publics s’est présenté à votre établissement dans la nuit du 23 au 24 août afin de vous aviser de la situation ». Ce représentant se serait « déplacé au 4e étage avec l’un de vos employés pour vérifier la pression d’eau et s’assurer que celle-ci était suffisante pour permettre l’écoulement d’une douche ».

« Même dans la lettre, ils continuent à dire qu’on avait de l’eau, qu’ils ont juste diminué le débit d’eau, ce qui est faux », rétorque Cindy Lafrance. « Je veux que la Ville comprenne qu’on n’est pas menteur. Ce n’est pas vrai qu’on avait une diminution de débit d’eau : on n’a pas eu d’eau pour plus de 60 heures. »

« La Ville, dans sa lettre, ne s’excuse même pas pour les inconvénients causés », déplore-t-elle.

Une volonté de dialogue

Malgré la mise en demeure, l’objectif de l’hôtel n’est pas de créer un conflit avec la Ville, insiste la directrice, qui dit souhaiter une entente. « On veut vraiment sensibiliser la Ville que, un, ce n’est pas la première fois que ça arrive et que les conséquences sont énormes. Ce n’est pas une résidence avec une famille qui est atteinte », explique Mme Lafrance, souhaitant que la situation particulière de son établissement soit considérée à sa juste valeur.

Contacté à ce sujet, la Ville n’a pas souhaité émettre plus de commentaires. Elle confirme « qu’il y a bien eu un bris d’aqueduc le 23 août dernier dans le secteur concerné », indiquant que la cause peut être d’origine diverse.