La manifestation du 24 avril était la première de deux journées de grève. « C’est pour ça qu’on est ici aujourd’hui. Une action forte pour aller chercher plus de stabilité et créer plus de postes réguliers », explique Martin Lachance, représentant syndical des Laurentides-Sud.
Les employés temporaires représentent 70 % de la main-d’œuvre dans les magasins de la SAQ. « Ça peut prendre sept ans pour avoir droit aux assurances collectives, déplore M. Lachance, attendre sept années avant d’avoir accès à des assurances, ça n’a aucun bon sens en 2024, encore moins quand tu travailles pour l’État québécois. »
Stéphanie Delorme, coordonnatrice à la vie syndicale rappelle pour sa part que les employés vivent souvent d’une paie à l’autre, ne sachant pas combien d’heures ils auront la semaine suivante. Cette situation peut parfois perdurer de cinq à dix ans explique-t-elle. À un moment où le gouvernement semble vouloir faciliter une transition vers le privé en région impliquant la fermeture de plusieurs succursales, le rapport de force prend toute son importance pour les employés et le syndicat qui craint une baisse de service pour ceux qui perdraient leur succursale.
Des pistes de solutions
Une des pistes proposées par le syndicat dans les présentes négociations est d’améliorer l’accès du personnel à la formation et d’augmenter le nombre de conseillers en vin et de coordonnateurs en succursale.
Le syndicat souhaite également une décentralisation vers les succursales pour les préparations des commandes faites en ligne, ce qui réduirait grandement les délais de livraison qui plombent présentement les ventes en ligne selon lui.
Pour M. Lachance, le succès des négociations dépend souvent de la couleur politique de la partie patronale. La réputation « anti-gréviste » et « anti-syndicale » de la Coalition Avenir Québec n’a rien pour rassurer selon lui qui prévient que cette action pourrait être le prélude à d’autres moyens de pression si les demandes des travailleurs ne sont pas prises au sérieux.
Entre l’arbre et l’écorce
Un directeur de succursale souhaitant s’exprimer de façon anonyme a accepté de parler à la rédaction et offrir sa vision des présents moyens de pression, illustrant le jeu d’équilibriste auquel il doit se livrer : « La grève est encadrée par les lois du Québec, on n’est pas en guerre contre les employés. Comme directeur, tu ne veux pas te mettre ton équipe à dos, même chose pour les employés, on travaille très bien ensemble. Mais pendant les moyens de pression, c’est à nous de nous assurer que le service à la clientèle ne s’en ressent pas », explique-t-il.
Directeur depuis plusieurs années, il constate que les deux partis ont tendance à se camper dans les mêmes vieilles dynamiques de négociation : « Le syndicat cherche à gagner quelque chose, c’est son mandat. L’employeur doit faire plus avec le moins possible. Je crois que la grève comme moyen de pression, c’est rendu assez assumé, sans être pessimiste, on risque de retourner là à chaque négociation, je crois », explique celui qui constate que la société d’État obéit aux mêmes principes généraux que n’importe quel commerce de détail. « Nous avons des périodes très fortes, comme l’été et la période des fêtes, mais hors-saison, les ventes diminuent, il y a donc une quantité limitée de postes et d’heures à offrir », conclut-il.
Une autre journée de négociation avait lieu le lundi 29 avril, et même si tous les partis se disent investis dans le processus pour une résolution rapide du conflit, rien n’a encore transpiré de cette rencontre.
Le Syndicat des employé(e)s de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB-SAQ–CSN) représente les 5000 employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ, partout au Québec. Il est affilié à la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), qui compte plus de 425 syndicats affiliés représentant 65 000 membres œuvrant dans le domaine des services publics et parapublics.
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Éric Girard
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