Conviée récemment à l’école secondaire d’Oka (ÉSO), la jeune femme âgée de 22 ans, également auteure de l’essai La revanche des moches, s’est adressée à un parterre de jeunes adolescents de 3e secondaire en leur confiant le résultat de ses recherches et partageant son expérience d’ex-anorexique.
«Dans mon journal intime, j’écrivais, à 12 ans: je suis grosse. Un jour, j’ai décidé que c’était assez. J’ai fait une thérapie. Vous savez, j’ai frôlé la mort et j’ai dû être hospitalisée à Sainte-Justine», a raconté, à cette occasion, Léa Clermont-Dion.
Cet événement marquera une étape cruciale dans la vie de Léa. Parce qu’elle se questionne, parce qu’elle pousse son raisonnement jusqu’à l’Assemblée nationale, à Québec, où elle brandira l’amorce de ce qui deviendra la Charte québécoise pour une image corporelle et diversifiée, son appel sera entendu, puis adopté un an plus tard.
«La préoccupation du poids est un problème de santé», a insisté la conférencière.
Signe évident d’un changement de mentalité, l’émission Les Mini Miss, un concept mettant en vedette de petites filles vêtues comme des femmes, créera un véritable raz-de-marée au Québec à la suite de la dénonciation de Léa Clermont-Dion, dans une lettre signée conjointement avec le docteur Vadeboncoeur. Résultat: 50 000 signatures et 24 heures plus tard, la chaîne de télévision Music Max décidera de retirer l’émission de ses ondes.
Dénonçant la surutilisation de certaines technologies, dont le logiciel Photoshop, entre autres, qui permet des retouches sur les photographies, la jeune femme appelle aux changements.
«La beauté n’est pas figée, elle varie selon les individus et selon leur perception. Le modèle de beauté unique n’existe pas. Malheureusement, aujourd’hui, avec Photoshop, on construit des femmes qui n’existent même pas», a-t-elle déploré.
Quête du selfie (autoportrait photographique) parfait, ou de jeux vidéo mettant en vedette des personnes en surpoids qu’il est possible de mincir au moyen de la chirurgie esthétique, le dérapage a désormais bel et bien débuté, de l’avis de la jeune femme. Ajoutez la mode du contouring qui consiste à changer l’apparence de son visage, ainsi que la valorisation de l’anorexie sur certains sites, et vous obtiendrez des perturbations psychologiques dramatiques, de poursuivre Léa Clermont-Dion.
«Une fille sur trois a des problèmes alimentaires. Les garçons ne sont pas en reste. Ils vivent le complexe d’Adonis qui consiste à vouloir à tout prix être musclé. Résulat, un tiers des Québécois âgés de 12 à 16 ans ont eu recours à des stéroïdes. Et 89 % des Canadiennes n’avouent pas leur âge», laisse tomber Léa, pour qui ces chiffres ne laissent personne indifférent.