En décembre 2016, la Commission mixte internationale (CMI), dont la mission première est d’aider le Canada et les États-Unis à protéger l’environnement qu’ils partagent, a mis en œuvre le Plan 2014, destiné à régulariser les niveaux d’eau et les débits du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent. Selon Pascal Quevillon, maire d’Oka, c’est cette décision, prise au détriment des citoyens riverains, dit-il, qui aurait provoqué les inondations de 2017 et 2019.
Le maire d’Oka n’est pas le premier à émettre cette hypothèse selon laquelle la CMI aurait délibérément augmenté les niveaux d’eau du fleuve Saint-Laurent et du lac Ontario, à compter de décembre 2016, en régularisant les débits des barrages Moses-Saunders, entre Cornwall (Ontario) et Massena (New York). Parmi les objectifs visés, la CMI, en agissant ainsi, souhaitait favoriser la navigation commerciale, l’hiver, et la production d’électricité, notamment.
«Cette décision a été prise aux dépens des riverains! On favorise l’argent aux dépens de l’être humain. C’est money talk!» , rage Pascal Quevillon qui ne croit pas que les inondations de 2017 et 2019 aient été provoquées par un réchauffement de la planète. La députée de Pembroke à Ottawa, Cheryl Gallant, est également de son avis. Elle l’a d’ailleurs répété à quelques reprises à la Chambre des communes,
«Depuis le début que je dis qu’il faut arrêter avec le réchauffement de la planète, soutient Pascal Quevillon. Oui, ça peut avoir des conséquences, mais ça se fait graduellement. On a déjà eu de la pluie avant aujourd’hui! Ce n’est pas la planète qui s’est réchauffée tout d’un coup en 2017! Si tu ouvres les valves pour envoyer de l’eau et que le verre est déjà plein, ça va refouler, c’est certain!»
«Ridicule!»
Joint par téléphone, lundi, afin de lui exposer cette hypothèse, l’ingénieur Rob Caldwell, du International Lake Ontario – St. Lawrence River Board, qui relève de la CMI, l’a rejetée du revers de la main.
«Nos opérations sur le fleuve Saint-Laurent n’ont aucun impact sur les niveaux d’eau du lac des Deux Montagnes. C’est ridicule! Ce serait impossible physiquement! Il y a des dizaines de mètres de chutes entre les deux étendues d’eau» , lance M. Caldwell avant de préciser que s’il fallait trouver un coupable, il regarderait plutôt du côté de la rivière des Outaouais (Ottawa River).
«La baisse du niveau d’eau entre le lac des Deux Montagnes et le lac Saint-Louis est amplement suffisante, dans le sens où si nous changeons le débit de l’eau provenant du lac Ontario, à Cornwall, cela ne causera pas d’inondations dans le lac des Deux Montagnes» , d’insister Rob Caldwell qui affirme avoir déjà entendu cette hypothèse, qu’il qualifie plutôt de «rumeur» .
«Je ne suis pas surpris que le maire d’Oka arrive avec cette rumeur. On l’entend depuis des mois, mais elle n’est pas vraie!» , insiste-t-il.
Soulignons que les citoyens riverains du lac des Deux Montagnes ne sont pas les seuls à devoir composer avec des niveaux d’eau anormalement élevés. Le même phénomène s’est produit au sud de l’Ontario, le long du lac Ontario et de la rivière des Mille Îles, entre autres. Les Ontariens aussi appuient l’hypothèse du maire d’Oka. D’ailleurs, le 23 novembre, une centaine d’entre eux ont manifesté à Ottawa, devant les bureaux de la CMI, pour demander une régularisation du débit d’eau au barrage Moses-Saunders, seule façon de contrôler le bassin des Grands Lacs.