La santé mentale est un enjeu important dans la société en général. Mais elle l’est d’autant plus dans l’univers agricole. La campagne Et si c’était moi a démontré l’importance de se mettre à la place des agriculteurs.
Pour Jean-Yves Perreault, président de l’Association des Médecins Vétérinaires patriciens du Québec (AMVPQ) et de la DSAHR, une compagnie de développement technologique pour les vétérinaires, il y a plusieurs points à prendre en compte.
« Il faut comprendre qu’en service de grands animaux, c’est un service de grandes proximités et durable. C’est une relation de confiance qui se bâtit et qui va durer des années et même des décennies », explique-t-il. Il mentionne d’ailleurs avoir connu plusieurs générations d’une même famille sur une des fermes qu’il a desservi.
Vétérinaire bovin de formation, il était propriétaire d’une clinique vétérinaire accueillant des patients de toutes sortes. Il a pratiqué dans le domaine pendant 34 ans. Depuis 2021, il a laissé la partie médicale de son emploi pour se concentrer sur la présidence de l’AMVPQ. Mais c’est depuis 2018 qu’il en est président. Il a, pendant toutes ces années, su prendre sa place dans le milieu.
« Le vétérinaire devient un intervenant. Non seulement est-il un professionnel, mais il devient un membre de l’entreprise et est impliqué dans les décisions importantes. Mais souvent, ça déborde un peu aussi de ces sujets », explique M. Perreault, quant aux discussions en tout genre qu’il a eues lors de ses nombreuses visites.
Les fermes étant des entreprises familiales, le travail et la vie personnelle se mélangent très facilement. Il est difficile de s’éloigner de l’un ou l’autre pendant une situation difficile. « Le fait que le travail est à la maison, nous on arrive sur le milieu de travail, mais on arrive au milieu de la famille en même temps », ajoute-t-il.
Une formation pour mieux voir
C’est pourquoi le programme de formation Sentinelle a été mis en place, afin que les intervenants sur les fermes puissent être outillés, mais également outiller ceux qu’ils côtoient. « L’association a travaillé à diffuser la formation et à ce que la plateforme soit utilisée. On veut que cette formation-là soit acquise par le plus de professionnels possible », soutient le président de l’AMVPQ. Ainsi le fait de pouvoir identifier et verbaliser les situations est un atout dans un tel milieu.
Même si le tabou semble plus fort dans la communauté agricole, il faut cependant prendre en compte qu’elle l’est également pour l’ensemble de la société. « En agriculture, comme en médecine vétérinaire, il faut penser qu’on est d’abord dans une relation d’aide, plutôt que de se faire aider », rappelle le vétérinaire. En effet, les agriculteurs travaillent à donner aux autres. M. Perreault y voit même le lien avec d’autres métiers de services comme les pompiers, les policiers et les ambulanciers, qui donnent du leur sans attendre en retour.
« Une chose qui est bien dite dans les formations Sentinelle, c’est de ne pas avoir peur de poser la question », explique-t-il. Il faut cependant rappeler que le professionnel n’est pas un psychologue ou un psychiatre. « C’est plutôt quelqu’un qui peut être de première ligne et qui peut encourager à trouver de l’aide », nuance le président.
Aussi à risque
L’aide est donc bien présente, mais les vétérinaires ne doivent pas s’oublier non plus. Ils ont eux-mêmes des épreuves en tant que personnes à vivre et ont droit aux mêmes détresses que les autres. « C’est quelque chose qu’on montre rapidement dans la formation vétérinaire », affirme M. Perreault, soulignant que les vétérinaires veulent guérir et qu’un geste comme l’euthanasie est parfois difficile à poser.
L’association cherche donc à mettre de l’avant le mieux-être de ses professionnels, qu’ils soient conscients de leur propre façon de vivre les étapes de la vie. « On est beaucoup dans la proaction. On veut mettre en place les choses pour être sûr que tout aille bien », confirme le président de l’AMVPQ.
Jean-Yves Perreault, au cours de ses années de carrières, a été témoin de beaucoup de moments difficiles et souhaitent que la population soit sensibilisée la situation en milieu agricole. « La clé, c’est la connaissance », souligne-t-il.
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