logo journal leveil
icon journal
« La loi 2 met le réseau à feu et à sang », fulmine Docteure Lyne Couture

Photo courtoisie –

Sur les 1 192 membres de l’Association des médecins omnipraticiens des Laurentides Lanaudière, 559 ont répondu au sondage, soit un taux de participation de 49,9 %.

« La loi 2 met le réseau à feu et à sang », fulmine Docteure Lyne Couture

Publié le 28/11/2025

La loi 2 adoptée sous bâillon par le gouvernement québécois fait plus de mal au réseau de la santé que l’amélioration à laquelle s’accrochent François Legault et Christian Dubé.

Pire, « actuellement, elle est en train de le mettre à feu et à sang », tonne la docteure Lyne Couture, présidente de l’Association des médecins omnipraticiens Laurentides–Lanaudière.

Un sondage publié par l’organisation démontre les effets dévastateurs de ladite loi sur le réseau de la santé. « La loi 2 pourrait déclencher un véritable exode médical dans les Laurentides et Lanaudière, alors que 92 médecins de famille ont entamé des démarches pour modifier ou quitter leur pratique », lit-on dans un communiqué publié par l’AMOLL.

De plus, toujours selon le communiqué, 107 autres médecins de famille affirment qu’ils songent à emprunter la même voie. Selon les chiffres publiés par l’association, 27 médecins pensent à pratiquer dans une autre province, 12 pensent à réorienter leur pratique, huit (8) souhaitent prendre leur retraite anticipée, quatre (4) désirent changer de carrière, quatre (4) veulent pratiquer à l’étranger, trois (3) veulent réduire ou abandonner la prise en charge, et trois (3) autres décident de pratiquer au privé.

« La loi 2 est en train de pousser des médecins expérimentés vers la sortie, déplore-t-elle, estimant que la population des Laurentides et de Lanaudière « va payer le prix de cette réforme mal conçue », dénonce-t-elle, appelant à la mise sur pause de la loi afin de freiner l’exode des médecins.

Les cliniques médicales les plus durement touchées

La docteure Lyne Couture, présidente de l’Association des médecins omnipraticiens Laurentides–Lanaudière, est l’une des voix du réseau de la santé qui s’élève contre cette disposition du gouvernement qu’elle considère comme « une menace à la capacité des médecins de famille à offrir des soins accessibles et humains, en leur imposant unilatéralement de nouvelles obligations irréalistes, et en baissant drastiquement les tarifs d’honoraires en cabinet médical en plus de lier une partie de leur rémunération à des indicateurs hors de leur contrôle et en réduisant leur autonomie professionnelle, entre autres ».

Ce sont les médecins œuvrant en cabinet qui sont le plus durement touchés par la réduction des honoraires prévue par la loi 2, précise la responsable, soulignant une baisse de 40 à 65 % de la rémunération en cabinet, à laquelle s’ajoute la diminution de 13,04 % appliquée dès le 1er janvier.

Selon les résultats du sondage, 13 cliniques de Lanaudière seront contraintes de diminuer leurs services, certaines envisageant même une fermeture complète. Dans les Laurentides, 15 font état de la même situation, invoquant un manque de ressources et une rémunération insuffisante pour faire face à leurs dépenses.

Quand la loi 2 aggrave le manque d’accès

Le manque d’accès aux soins et services dans les Laurentides et Lanaudière ne date pas d’hier. Ces régions sont les plus touchées en la matière et sont les plus « négligées du système de santé, aux prises avec un sous-financement récurrent, des installations désuètes et une pénurie de main-d’œuvre criante », précise la docteure Couture.

« Avec l’exode enclenché, la situation risque de basculer vers une crise d’accès sans précédent. »

Ce sont donc 61 000 patients qui pourraient, dans un avenir proche, devenir orphelins de médecins de famille, selon la responsable, rappelant qu’en date du 31 octobre, 80 715 patients des Laurentides et 20 809 patients de Lanaudière étaient déjà en attente sur le Guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF). Elle critique au passage la mauvaise foi du gouvernement, qui, dit-elle, tente de rejeter sur le dos des médecins « tous les ratés de son système de santé ».

Des modèles que la CAQ peut suivre

La docteure Couture croit que si le gouvernement veut réellement offrir des services de qualité à la population, il n’a pas d’autre choix que de disposer d’une première ligne solide afin d’assurer l’accès des patients aux professionnels de la santé. Pour elle, l’investissement doit d’abord se faire en prévention.

Elle souligne que d’autres provinces canadiennes comme l’Ontario ont choisi d’augmenter de deux milliards de dollars les services en première ligne. Une tendance observable partout au Canada, notamment au Manitoba, en Colombie-Britannique et à l’Île-du-Prince-Édouard. « Ils choisissent d’investir en première ligne parce qu’ils ont bien compris que ça coûtait moins cher. Si on veut être brillant, il faut améliorer les services en première ligne ».