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La Chambre de commerce et d’industrie de Deux-Montagnes à la dérive

Photo courtoisie –

La démission de Normand Yargeau à titre de Directeur général sera effectif à partir du 3 janvier 2026.

La Chambre de commerce et d’industrie de Deux-Montagnes à la dérive

Publié le 02/12/2025

La Chambre de commerce et d’industrie de la MRC Deux-Montagnes se vide. Normand Yargeau est le dernier en date à abandonner le navire. Directeur général depuis seulement sept mois, il part pour éviter que sa santé ne se détériore.

Dans un texte transmis à la rédaction, il explique que sa vision « n’était pas en harmonie avec certains décideurs influents ». « Et sentant que le travail accompli ne correspondait pas à leurs attentes, je ne pouvais poursuivre sans mettre à risque ma santé qui au cours du dernier mois a été affectée, je devais me retirer et m’occuper de mon bien-être avant tout », explique-t-il.

Dès son arrivée en poste, l’ancien DG n’avait pas caché son choc face à la situation délétère de la chambre. Il disait hériter d’une institution en déficit de gouvernance, et il fallait, selon lui, « rebâtir une entité varlopée par de mauvaises décisions du passé ».

Le départ de Normand Yargeau survient quelques semaines après celui de Manon Tremblay, responsable des événements et des partenariats. Jasmine Bujold, responsable des communications, a également abandonné le navire durant cette période. Mme Bujold jouait un rôle important à la chambre avant l’arrivée de M. Yargeau, selon un ancien membre du CA, précisant qu’elle était « la seule employée permanente qui restait et qui était le lien entre le CA et les activités de la chambre ».

Une situation de méfiance au sein de l’organisation

Les relations entre Normand Yargeau et le conseil d’administration étaient plutôt difficiles, rapportent certaines sources. Selon elles, « la tension avec les membres du CA était palpable et inconfortable. » Ces mêmes sources rapportent que M. Yargeau « posait des questions [et le CA] n’était jamais d’accord avec lui ou remettait toujours en question ses décisions. » « Il n’aimait pas ça », racontent-elles.  

Manon Tremblay rapporte, elle aussi, que M. Yargeau semblait affecté après les réunions du conseil d’administration. « Je sais que quand il y avait des rencontres de CA, normalement, ils sortaient de là et des fois, il y avait l’air vraiment déprimé », confie-t-elle.

Dans une communication en date du 27 novembre 2025, le président de la chambre de commerce et d’industrie de la MRC Deux-Montagnes (CCI2M) confirme le départ de Normand Yargeau, précisant que ce dernier « quittera officiellement ses fonctions le 3 janvier 2026 ».

« Votre conseil d’administration est pleinement mobilisé pour mettre en place une équipe renouvelée et dynamique qui saura soutenir nos membres et faire rayonner la communauté d’affaires de la région », écrit Clément Charest. Il ajoute que la Chambre traverse actuellement une période de changements, soulignant qu’une courte transition est en cours afin d’assurer la continuité de nos activités », soutient-il.

Une succession de départs qui inquiète

Manon Tremblay révèle que plusieurs partenaires ont choisi de ne pas renouveler immédiatement leur adhésion, se donnant plutôt une période d’observation d’un an afin d’évaluer la direction que prendra la Chambre. « Puis là, c’est certain que ces gens-là […] vont se dire, j’ai bien fait de ne pas renouveler mon partenariat », anticipe-t-elle.

Malgré tout le branle-bas au sein de la communauté d’affaires, Clément Charest rassure que « ça va très bien ». « Il y a beaucoup de mouvements qui ont eu lieu dans les derniers deux mois, par exemple. Mais il reste que, de manière globale, le CA est très solidaire et surtout, il est très actif présentement pour mener à bien la mission de la Chambre », assure-t-il.

Il précise que M. Yargeau approchait de la retraite et avait informé le conseil d’administration de son intention de n’occuper le poste que temporairement, soit pour une durée d’un an ou deux. Il reconnaît toutefois que le départ est survenu plus tôt que prévu.

L’encan annuel annulé faute de ressources

La chambre a annoncé qu’elle annulait l’événement-bénéfice des gens d’affaires qui devait avoir lieu le 26 novembre dernier, tout en confirmant également le retrait de sa participation au lancement de la campagne d’achat local réalisé récemment. Clément Charest admet que ces départs ont un véritable impact sur l’institution et précise que « si ces personnes avaient encore été présentes, ces événements auraient certainement eu lieu ». M. Charest souligne qu’il s’agissait d’acteurs clés dans l’organisation. Il ajoute que la décision d’annuler l’encan a représenté un choix difficile pour le conseil, qui a dû établir des priorités en privilégiant le traditionnel Dîner du maire du 19 décembre.

M. Charest assure que des mesures ont été prises afin de combler les postes vacants et « espère pouvoir annoncer d’excellentes nouvelles d’ici peu ». Il confirme que la Chambre jouit de l’aide de messieurs Luc Désilets et Daniel Lavalée dans certaines tâches et responsabilités quotidiennes de la chambre.

« […] Le dîner du maire, on ne peut pas se permettre que la chambre n’ait pas l’air […] organisée, parce qu’évidemment, ce n’est pas juste la chambre qui est là-dedans, c’est non seulement le maire. C’est tous les dignitaires de la région, les MRC, et ainsi de suite », justifie M. Charest.

Le conseil d’administration annonce qu’une nouvelle équipe sera officiellement présentée au public au cours des prochaines semaines.

La Fédération des chambres de commerce du Québec interpellée

La Chambre de commerce et d’industrie des Deux-Montagnes est aujourd’hui l’ombre de ce qu’elle était jadis, laisse entendre Julie Ladouceur, visiblement peinée par le déclin de l’organisation.  « C’était une chambre de commerce qui était accréditée par la Fédération des chambres de commerce. Ce qui veut dire qu’on avait une bonne gouvernance, il y avait des critères pour ça », rappelle-t-elle.

L’ancienne présidente de la CCI2M qui a siégé au conseil d’administration pendant sept ans, exprime des doutes quant à l’avenir de l’organisation. « Même moi qui suis une personne ultra positive, je commence à douter. Il y a des membres qui sont encore là. Il y a beaucoup de membres qui ne veulent plus y croire », insiste-t-elle.

Pointant un manque de gouvernance, la femme d’affaires dit avoir récemment écrit à la Fédération des chambres de commerce du Québec pour l’alerter de la situation.