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Jean-François Lépine: «Le Québec se ferme sur lui-même.»

L’ancien journaliste de Radio-Canada

Jean-François Lépine: «Le Québec se ferme sur lui-même.»

Publié le 12/11/2014

Alors que l’actualité internationale représente 12 % des nouvelles quotidiennes en Europe et 8 % au Canada, à peine 0,8 % de l’espace médiatique lui est consacré au Québec, où les nouvelles sportives, surtout celles liées aux Canadiens de Montréal, y tiennent davantage de place, soulève l’ancien journaliste de Radio-Canada, Jean-François Lépine.

«Le Québec se ferme sur lui-même», a-t-il soutenu, le samedi 8 novembre dernier, devant une assistance attentive, alors qu’il était l’un des conférenciers invités au congrès provincial des jeunes militants d’Amnistie internationale qui se tenait à la polyvalente Deux-Montagnes (PDM).

L’auteur du livre Sur la ligne de feu, qui a vécu une partie de sa vie à l’étranger à titre de correspondant pour Radio-Canada, a dressé un portrait nuancé d’un monde qui se métamorphose et pas toujours de manière pacifique, du moins en ce qui concerne les pays arabes.

Celui-ci déplore que le Printemps arabe, qui avait suscité tant d’espoir de voir enfin disparaître les dictatures, ait été freiné dans son élan pour finalement laisser l’Égypte et la Tunisie avec un équilibre politique fragile, ravivant du coup les tensions déjà existantes dans les pays du Moyen-Orient. «Dans l’ensemble des pays arabes, c’est la catastrophe, observe le conférencier. La situation s’est tellement détériorée qu’on ne peut plus intervenir. Il est trop tard.»

M. Lépine s’est attardé sur le conflit israélo-palestinien qui perdure. «C’est une bombe à retardement», dit-il. Plus de trois millions de Cisjordaniens et de Gazaouis appauvris ne peuvent circuler hors des limites imposées par les militaires israéliens qui les encerclent. De plus, ces Palestiniens sont délaissés par le reste du monde arabe.

Jean-François Lépine, qui a vécu en Israël, souligne l’application arbitraire de la loi militaire israélienne sur les territoires occupés et dont personne ne soupçonne l’ampleur. Avec le temps, les Palestiniens risquent de se radicaliser davantage, croit-il.

«Il faut s’acharner contre le gouvernement israélien, mais pour cela, il faut que le public s’y mette aussi. Quand on est une démocratie et qu’on a l’armée la plus puissante du monde arabe, on a des responsabilités», a martelé le conférencier, qui a aussi souligné l’essor extraordinaire de la Chine, sur le point de devenir une grande puissance capitaliste. Alors qu’ils étaient totalement dépendants de l’État sous le régime communiste de Mao, les Chinois se sont pris en main et bon nombre d’entre eux deviennent entrepreneurs, a-t-il fait remarquer.

Ce qui lui fait dire que tous les empires peuvent s’écrouler, le puissant empire soviétique en étant la preuve: «Les êtres humains ont la capacité, quand ils le veulent, de s’unir et de changer les choses».

M. Lépine s’interroge d’ailleurs sur l’aide réelle que peuvent apporter «toutes les ACDI [Agence canadienne de développement international] de ce monde». «Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’aide internationale a eu certains résultats, mais beaucoup d’échecs», constate-t-il, en rappelant la corruption dont l’aide gouvernementale a fait l’objet.

Le néo-libéralisme, les projets de développement économique représentent peut-être la solution, estime-t-il.

Il dit cependant croire à l’action d’Amnistie internationale. «Chaque militant et chaque petit geste sont importants», a-t-il lancé aux jeunes congressistes, à la fin de la journée.