Les dernières semaines se sont avérées difficiles pour le Vignoble Rivière du Chêne, dont les vignes ont dû tenir le coup face au gel printanier, une problématique qui, si elle est courante, n’en demeure pas moins redoutable.
Les mois transitoires d’avril et de mai sont toujours marqués par l’incertitude pour Daniel Lalande, vigneron propriétaire du Vignoble Rivière-du-Chêne, à Saint-Eustache, qui doit constamment surveiller les aléas du mercure. Au moment où elles sont sur le point de débourrer, les vignes peuvent définitivement perdre leurs boutons, c’est-à-dire leurs fruits en devenir, si ceux-ci s’exposent à des températures trop basses.
« Sous les zéros, il y a des dégâts tout de suite, précise Daniel Lalande. On peut y perdre notre récolte. »
Et le problème n’est pas exclusif aux pays nordiques.
« Chaque printemps, qu’on soit ici au Québec ou ailleurs dans le monde, les vignerons peuvent être victimes de gel printanier, explique Daniel Lalande. On vit tous la même chose. »
Il cite par exemple la région chablisienne, en France, où le printemps est une période tout autant précaire pour l’industrie du vin.
« Même avant les changements climatiques, c’était présent. Ce n’est pas d’hier. »
Des nuits stressantes… et bruyantes
Il n’est pas rare que Daniel Lalande reste debout à veiller sur ses terres durant ces nuits froides et « anxiogènes », pour reprendre son terme. Le 21 mai dernier, le vignoble s’est sauvé d’un -4º Celsius annoncé pour un -0,8º Celsius, notamment grâce à de petits feux nocturnes allumés près de ses plantations pour réchauffer l’air.
Le vignoble a aussi employé ses machines à vent, de « grands fouets » à l’allure d’éoliennes et alimentés par le propane. Le déplacement d’air qu’elles produisent empêche le givre de se former sur les plants.
« C’est très bruyant. Chaque machine, c’est l’équivalent du bruit d’un hélicoptère », indique Daniel Lalande.
Il précise toutefois qu’elles n’ont que 120 heures au compteur, et ce, depuis leur acquisition en 2013, une année catastrophe pour le Vignoble Rivière du Chêne du point de vue du gel. Leur utilisation est donc tout à fait occasionnelle.
« C’est seulement des petites heures ici et là, sur dix ans, qu’elles ont travaillé. »
Ce printemps, elles ont cependant été démarrées quatre fois, pour des sessions de trois à six heures. Le vignoble a également eu recours à un hélicoptère. Daniel Lalande s’excuse des désagréments engendrés pour les Eustachois, faisant valoir que l’entreprise représente un atout pour le paysage local et que ces mesures s’avéraient absolument nécessaires.
« Le voisinage est conciliant, on l’apprécie », reconnait-il.
Malgré tous ses efforts, le vignoble a perdu 15 % de ses 16,5 hectares de production durant ces dernières semaines.
« J’aurais pu tout y laisser », avoue Daniel Lalande, aussi propriétaire de La Cantina, un vignoble situé à Oka.
Un 25e anniversaire en vue
Menu bistro et dégustations vins-mets sont offerts au Vignoble Rivière-du-Chêne, où des thématiques sont proposées, comme durant la saison du homard.
« On a une très bonne brigade en cuisine », souligne Daniel Lalande.
De plus, le Vignoble Rivière du Chêne lance une invitation pour son événement de 25e anniversaire, qui aura lieu le weekend du 3 et 4 juin prochains.
« Tous ceux qu’on a dérangé, et les résidents de Saint-Eustache qui ne sont pas encore venus nous voir, on va leur offrir un verre de vin et une dégustation », annonce Daniel Lalande.
Les Eustachois n’ont qu’à présenter une preuve de citoyenneté pour bénéficier de ce « prix de consolation ».
« Ça va nous faire plaisir de les accueillir. On pourra également compléter l’information et répondre à des questions sur comment on gère ces nuits-là », conclut le vigneron en faisant référence aux périodes de gel.
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