Cette décision, perçue comme une trêve temporaire, laisse les entreprises des Laurentides face à une grave incertitude.
Si certaines voient ce délai comme une opportunité de préparer leur riposte, d’autres redoutent une prolongation de l’instabilité. Laurentides International, OBNL de développement économique dédié à l’accompagnement des entreprises exportatrices des Laurentides, joue un rôle clé en aidant les entreprises à naviguer dans ce contexte incertain.
Ariel Retamal, commissaire à l’exportation depuis 27 ans et directeur de Laurentides International partage son regard sur les défis et les stratégies pour naviguer dans cette période trouble.
« On sent la fébrilité sur le terrain depuis deux semaines. Ce qu’on a perdu avec cette histoire-là, c’est la prévisibilité. Le marché américain est devenu imprévisible », observe M. Retamal.
Cette instabilité génère un effet domino qui affecte la confiance des entrepreneurs, ralentit les investissements et pourrait provoquer des licenciements si la situation s’enlise. Cette paralysie peut avoir des effets aussi nocifs qu’une guerre tarifaire immédiate, car elle freine le développement des entreprises et mine leur résilience à long terme.
Un répit fragile pour les entreprises des Laurentides
Avec un écosystème économique très diversifié, allant des manufacturiers aux PME technologiques, en passant par l’industrie agroalimentaire et aérospatiale, les Laurentides sont particulièrement exposées aux tarifs annoncés. Plusieurs de ces entreprises ont bâti leur modèle d’affaires sur le commerce avec les États-Unis en se basant sur des règles que le Président Trump semble déterminé à déchirer.
« On voit que le gouvernement canadien essaie de faire attention, mais ce qu’il faut comprendre, c’est que les tarifs, ça affecte tout le monde ». La diversité économique des Laurentides ne suffira donc pas à atténuer l’impact d’une guerre tarifaire. Les entrepreneurs savent qu’un retour à la normale est incertain et que cette crise pourrait précipiter un changement profond. « C’est quand même un moment historique. Des guerres commerciales de cette ampleur-là, c’est vraiment rare que ça arrive », souligne Ariel Retamal.
Une fenêtre pour diversifier les marchés
Pour M. Retamal, on ne peut insister suffisamment sur l’importance pour les entreprises de diversifier leurs exportations. « De plus en plus, on ne se pose plus la question s’il faut exporter, on se pose la question où », affirme-t-il.
Pourtant, toutes les entreprises ne réagissent pas de la même manière face à l’incertitude. « Le premier appel que j’ai eu la semaine passée, c’était une entreprise qui me demandait : ‘comment je peux m’installer aux États-Unis ?’ C’était la première question, le premier appel. Ma semaine commençait comme ça », illustre-t-il.
« Ce qu’on souhaite, c’est qu’en fin d’année, on ait pu ouvrir des nouveaux marchés, ouvrir des portes ailleurs et qu’on soit moins dépendants du marché des États-Unis », ajoute le directeur.
Un besoin urgent d’accompagnement et de formation
« Les entreprises doivent se préparer, mais beaucoup n’ont ni le temps ni les ressources pour comprendre toutes les implications de cette crise ». Laurentides International joue alors un rôle central en fournissant des outils concrets aux PME.
L’organisme propose des formations sur la gestion des exportations en période de crise, des consultations personnalisées et une veille stratégique sur les politiques commerciales. « Trop d’entrepreneurs n’utilisent pas pleinement les accords commerciaux en place, et nous sommes là pour leur montrer comment maximiser ces opportunités », affirme-t-il.
En parallèle, Laurentides International travaille en collaboration avec les chambres de commerce et les gouvernements pour sensibiliser les décideurs aux enjeux locaux. « Il faut que les programmes de soutien soient adaptés à la réalité des PME. Il y a encore trop de lourdeur administrative qui freine l’accès aux aides financières », critique-t-il.
L’achat local : une alternative à long terme ?
Dans un contexte où les entreprises doivent s’adapter rapidement, l’achat local devient un levier de stabilisation pour l’économie régionale. « Encourager les consommateurs et les entreprises à privilégier les fournisseurs locaux permet de réduire la vulnérabilité face aux décisions étrangères », explique Ariel Retamal.
Cependant, il insiste sur l’importance d’un engagement structuré. « Il ne s’agit pas juste de consommer local par réflexe, mais d’établir une véritable stratégie pour soutenir nos entreprises tout en restant compétitifs », précise-t-il. L’objectif est de créer un environnement où les entreprises québécoises peuvent prospérer en limitant leur dépendance aux marchés internationaux.
Vers une réponse collective et durable
Lui et son équipe continueront d’accompagner les entreprises locales à travers cette période incertaine. « Nous devons collaborer, mobiliser nos ressources et nous préparer à une économie plus résiliente. C’est ensemble que nous pourrons surmonter cette crise », conclut-il.
Avec un mélange d’anticipation, de formation et de mobilisation collective, Laurentides International se positionne comme un acteur clé dans la réponse à cette crise. Le défi des 30 prochains jours sera de transformer cette incertitude en opportunité stratégique pour l’économie des Laurentides.
Pour accompagner les entreprises, Laurentides International a mis en ligne une page dédiée à la crise, mise à jour en continu. « On a lancé l’opération Prosperité Québec, une plateforme où toutes les informations sur cette guerre commerciale sont répertoriées en temps réel. Ce qu’on veut, c’est du pratico-pratique. Pas de grandes théories. On va vraiment sur le terrain. »
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