logo journal leveil
icon journal
featuredImage

Photo Stéphanie Prévost Siham Kortas participe fièrement à la campagne Et si c’était moi afin de participer à la réflexion collective qu’elle amène.

GalleryImage1

Les trois amies, dont une résidente de Mirabel, se sont donné le défi de se rendre au Maroc pour une marche de 75 km dans le désert.

Et si c’était toi… Une campagne au nom de la détresse psychologique

Publié le 23/11/2022

Les personnes qu’on soupçonnerait le moins sont souvent celles qui souffrent le plus. C’est ce qu’affirme Siham Kortas. Elle fait partie des neuf personnes présentes dans la campagne Et si c’était moi…, en cours sur le territoire pendant le mois de novembre, qui traite de la détresse psychologique.

Retraitée de l’enseignement collégial, la vie a souri à Mme Kortas. En 1972, elle fait partie d’étudiantes libanaises qui viennent étudier ici pour une maîtrise. Immigrée lors de la guerre au Liban en 1975, elle ne s’est jamais sentie isolée, bien au contraire. Dès son arrivée, elle a bénéficié d’une suite d’événements chanceux, étant acceptée comme étudiante quelques mois après son arrivée, puis recevant son statut permanent en juin 1976. Elle a rapidement obtenu une charge de cours, puis un poste comme enseignante au Cégep Marie-Victorin dans la Technique d’éducation à l’enfance. 

Sa vie allait bien et rien n’aurait pu prévoir qu’elle allait ressentir un jour de la détresse psychologique. Encore aujourd’hui, elle réalise plusieurs projets, entre autres au cinéma, et ne s’arrête pas. L’énergie est encore bien présente même à 74 ans.

Pourtant, avec la pandémie, tout a déboulé. L’isolement s’est installé de par le confinement et son âge. La septuagénaire, pourtant très active et impliquée socialement, s’est vue recluse à ne plus voir ses enfants et ses petits-enfants. 

Elle a pris sur elle-même, montrant depuis longtemps qu’elle était capable. Mais le poids et la pression se sont accumulés au point de l’affecter plus qu’elle ne l’aurait voulu. « Le mental peut mentir, mais pas le corps », affirme-t-elle, se souvenant l’avoir mainte fois répété à ses étudiants.

Encore aujourd’hui, elle ressent l’isolement au travers de l’impuissance d’agir face à certaines situations qu’elle vit. « C’est ça la grande valeur de la campagne, d’encourager le monde à porter attention. Siham est capable, mais est-ce que c’est vrai qu’elle va bien ? Parce que je peux ne pas bien aller, mais ne pas le savoir », mentionne-t-elle quant au commentaire qu’elle entend dans son entourage qui la compare à une femme forte qui ne tombera jamais.

La campagne 

Pour François Fauteux, Siham Kortas est l’exemple même de ce qu’il a voulu démontrer par sa campagne. « Souvent, la souffrance on la voit. Mais souvent aussi, il y a une façade et il faut aller au-delà », souligne-t-il. 

Et si c’était moi a un but de sensibilisation face à plusieurs problématiques qui ont été très présentes pendant les deux ans de la pandémie et qui se sont faites plus présentes pendant cette période. « Ce sont des problématiques qui existaient déjà dans le quotidien de certaines personnes à savoir : la faillite, l’isolement, la détresse psychologique, le suicide, la pauvreté et l’itinérance », explique M. Fauteux. 

Ces grands thèmes sont au centre de la campagne, afin de montrer que personne n’est à l’abri. L’idée est de se mettre dans la tête d’une personne vivant l’une de ces situations. Les porte-paroles, chacun citoyen d’un des secteurs de la Ville de Mirabel et âgés de 15 et 74 ans, lancent le mouvement en écrivant quelques mots sur la thématique choisie. Tous les citoyens sont cependant invités à suivre la voie et réaliser l’exercice.

« C’est vraiment de semer une graine dans la tête des gens afin qu’ils fassent l’effort, le temps d’un texte, de se mettre dans la peau de quelqu’un qui a vécu une forme ou une autre de souffrance ou de détresse », souligne-t-il. Le directeur de la campagne n’a aucune attente. L’initiative étant lancée largement, il espère simplement inspirer et ouvrir les esprits du plus grand nombre.

Siham Kortas, de son côté, ne veut pas rester dans cette suite de ressentiments qui la draine. Elle continue à agir et reste très impliquée dans son milieu. « Durant la pandémie, j’ai commencé à écrire des scénarios. J’ai suivi une formation en scénarisation. Et j’écris un scénario, un documentaire sur la situation de mon fils qui est né sans main », confirme-t-elle, affirmant avoir plusieurs autres projets en banque également. 

Pour plus d’informations sur la campagne, rendez-vous sur la page Facebook Et si c’était moi. Celle-ci a été lancée principalement à Mirabel, mais tous sont invités à y participer.