Partout, les propriétaires-taxis disent être au bord de la faillite. Ils mentionnent que les coûts d’opération sont trop élevés pour obtenir un salaire décent.
Tous soulignent que le prix vertigineux de l’essence à la pompe est la goutte qui a fait déborder le vase.
« Je dirais que le vase est craqué en mille morceaux », lance Benoit Chamberland de Taxi 7000, à Blainville.
Il estime que le prix du carburant a grimpé de 110 % depuis les dernières années. « Une semaine complète de travail est nécessaire pour défrayer les coûts d’essence de ma voiture ».
Celui qui est chauffeur de taxi depuis 2009 assure ne jamais avoir vu pareille situation : « Les assurances ont été majorées à 3 000 $ par année, alors qu’il y a cinq ans ont payait 1 800 $ par année. Le prix des véhicules a augmenté de 35 % en cinq ans. Pas surprenant que l’on ne trouve personne pour venir travailler. »
Son confrère à Saint-Eustache, Julien, aussi ne parvient à trouver de relève. « Je cherche un chauffeur depuis deux ans, personne. Je dois être au volant de ma voiture 7 jours sur 7, des 10-12 heures par jour ».
Un autre chiffre qui fait fuir un futur aspirant est celui qu’il en coûte, en comptabilisant les permis, les assurances, la location de la voiture, le système de vente, les frais d’entretien, sans oublier l’essence, plus de 650 $ par semaine, avant même qu’un chauffeur pense à faire un seul dollar dans ses poches.
Or, sachant que les taxis roulent en moyenne 1 500 km par semaine, certains travaillent donc à perte.
Mirabel paye toutes les dépenses
Consciente que la pénurie est criante, la co-propriétaire de Taxi Mirabel, Zoé, paye toutes les dépenses. « Je veux juste que la personne conduise une de nos voitures. Personne ne frappe à ma porte pour offrir ses services.
Depuis un an, 28 véhicules de taxi sont stationnés dans la cour sans avoir bouger d’un poil, « parce que je n’ai pas de chauffeur ».
Actuellement, Taxi Mirabel roule à 8-9 chauffeurs la semaine et 2-3 la fin de semaine. « Pour bien fonctionner, j’en aurais besoin de 15 », dit-elle.
Trois heures d’attente
Malgré qu’elle tente de faire de « la magie ou des miracles », la clientèle écope, en paye le prix.
« On parle d’attente qui peut s’éterniser jusqu’à trois heures. Bien souvent, nous arrivons et la personne a quitté, tannée d’attendre ».
Non seulement, elle ne peut pas offrir un temps d’attente raisonnable, elle doit défrayer des sommes importantes en pénalité, faute de chauffeurs pour respecter les contrats avec les hôpitaux, Emploi-Québec et les transports adaptés.
« Si certains administrateurs comprennent que l’on fait tout pour offrir le service, d’autres refusent que l’on doive reporter ou annuler des déplacements. Nous payons en moyenne 1 500 $ par mois en amende parce que nous n’avons pu trouver un chauffeur à temps ».
Des pénalités qui seraient encore plus salées si ce n’était pas de la « bonne collaboration avec les autres taxis de la région ».
Ajoutons les clients mystères qui sont payés pour « trouver des bibittes. Il y a tellement d’obligations. On est coincé de partout », dénonce-t-elle.
La nouvelle loi 17 devait être la solution aux problèmes. Elle n’aurait qu’aggraver la problématique (lire autre texte ci-contre, en page 6) et des chauffeurs de taxi sont en furie.
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