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Des perroquets relocalisés, mais pas la propriétaire

Des perroquets relocalisés, mais pas la propriétaire

Publié le 29/06/2023

Valérie Turmel est plongée dans le désarroi, en détresse face à une compagnie d’assurance insensible. Malgré les dégâts d'eau majeurs survenus dans son appartement situé sur le boulevard des Deux-Montagnes, à Deux-Montagnes, sa compagnie d'assurance, Desjardins Assurances, refuse de la relocaliser, mais ses perroquets, eux, ont trouvé refuge ailleurs.

La compagnie argue que le logement de 4 pièces et demi est habitable pour expliquer sa décision incompréhensible qui conduit à une situation absurde où le logement n’est pas habitable pour les perroquets, mais le serait pour la locataire.

« Mes assurances prétendent que je peux rester dans mon logement. Par conséquent, ils refusent de me dédommager. C’est inacceptable. Seriez-vous disposé à rester ici ? » demande Mme Turmel, à l’auteur de ces lignes, qui a répondu par la négative à la suite d’une visite des lieux.

En effet, l’hebdomadaire L’Éveil s’est rendu sur les lieux afin de constater l’ampleur des dégâts. Des murs ont été démolis, des plafonds sont en ruine, des planchers sont boursoufflés, la douche est impraticable, la toilette est endommagée, la salle de bain transformée en chantier de construction et des portes ont été enlevées. De plus, tous les meubles ont été entassés dans une seule pièce, ou déplacés dans la cuisine ou le salon, comme la laveuse qui est maintenant collée à la table à manger.

« Même l’entreprise experte en sinistre a recommandé de tout démolir, car ses employés ont jugé que la situation était trop dangereuse, avec une énorme bulle d’eau menaçant d’éclater à tout moment et de nous tomber sur la tête », ajoute celle qui n’en revient pas croyant être victime d’une mauvaise blague de la défunte émission « Surprise, sur prise ».

28$ par jour pour se relocaliser

Ce dégât d’eau est survenu chez la voisine du haut de l’édifice à logement, le 5 mai dernier. Le 12 mai, Desjardins Assurances a envoyé un chèque de 240 $ à Mme Turmel, déduction faite des 300 $ de franchise, n’ayant pas encore à ce moment-là déterminé les coûts des dommages. Cependant, depuis le 29 mai, l’assurance refuse catégoriquement de verser un centime de plus, au motif que le logement est habitable.

« Je dois verser une indemnité à un ami qui m’héberge, car non je ne reste pas ici. Malheureusement, il ne pourra pas me garder longtemps. Je veux simplement pouvoir retourner dans mon logement, qui, contrairement à ce que prétend l’assurance, n’est pas habitable », assure sur un ton ferme, Valérie Turmel.

Ironiquement, les deux perroquets de Mme Turmel, inscrits sur le bail, ont été relogés dans un refuge, et la moitié des frais, soit 20 $ par jour par perroquet, sont pris en charge par l’assureur.

« Je dois comprendre que c’est dangereux pour mes perroquets de rester ici, mais pour moi, une femme, une humaine, ce ne l’est pas. C’est aberrant ! » s’exclame-t-elle, toujours aussi colérique.

Desjardins Assurances ne peut répondre au téléphone

Incapable de joindre un interlocuteur chez Desjardins Assurances, Valérie Turmel a tenté à maintes reprises de parler à quelqu’un au téléphone afin d’expliquer personnellement la situation, persuadée que l’assureur n’a tout simplement pas compris l’histoire ou qu’il a mélangé deux dossiers par inadvertance. Malheureusement, chaque tentative de contact s’est soldée par un échec.

« On me dit que je dois uniquement communiquer par courriel. « Il n’est pas possible de me joindre par téléphone », m’a répondu une agente par courriel », raconte Mme Turmel, désabusée.

Pour aggraver l’insulte, l’employée de Desjardins Assurances ajoute : « J’ai un nouveau téléphone et j’ai changé de poste. Je ne sais pas comment passer des appels », relate Mme Turmel, déconcertée, précisant que la personne responsable de son dossier est « souvent en vacances et demande de deux à trois jours ouvrables pour répondre à un simple courriel ».

Pourtant, Valérie Turmel n’est pas une locataire exigeante dans ses demandes. « Je veux simplement obtenir une indemnité journalière rétroactive de 28 $ à partir du 29 mai, ce qui couvrira les frais de mon logement, s’élevant à 840 $. Je ne pense pas exagérer », exprime-t-elle avec découragement.

Désemparée, elle a finalement déposé une plainte formelle. Un haut dirigeant de Desjardins Assurances l’a contactée pour réaffirmer que le logement était considéré comme habitable. Il lui a également conseillé de prendre son mal en patience, car les travaux de réparation ne pourront pas commencer avant trois ou quatre mois. Une réponse dénuée de bon sens selon Mme Turmel. « À quoi cela sert-il de payer près de 500 $ par an pour être assurée, si je suis confrontée à un tel service médiocre ? », s’interroge-t-elle, convaincue que d’autres assurés sont dans des situations semblables au Québec. « Je veux dénoncer pour éviter à d’autres personnes de vivre un tel calvaire ».

Desjardins Assurances a retourné nos appels demandant un délai pour répondre à notre demande d’entrevue. Ils devront fournir des explications concernant cette décision plus que douteuse, qui pousse une locataire dans une situation précaire et sans solution, alors même que ses perroquets ont, rappelons-le, trouvé refuge. 

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