logo journal leveil
icon journal
featuredImage

Photo Bruno Cloutier –

Le débat : Les candidats présentent leur vision aux Mirabellois.

Débat municipal à Mirabel Trois visions pour une même ville

Publié le 22/10/2025

À deux semaines du scrutin du 2 novembre, le Groupe JCL et Infos Mirabel ont tenu un débat électoral réunissant les trois candidats à la mairie de Mirabel : Marc Laurin (Action Mirabel), Roxanne Therrien (Mirabel Uni) et Pierre-Olivier Langlois (Mouvement citoyen Mirabel).

L’événement, animé par Dany Baribeau, rédacteur en chef du Groupe JCL, et Christophe Godon, journaliste à Info Mirabel, s’est tenu à l’hôtel Impéria de Saint-Eustache devant une salle attentive

La rencontre visait à offrir aux citoyens un débat d’idées centré sur trois grands enjeux : la mobilité, la vie démocratique et le développement économique et environnemental.
Mirabel traverse une période charnière, marquée par la croissance rapide de son territoire et par la disparition soudaine du maire Patrick Charbonneau, en juillet dernier. Dans ce contexte, les candidats ont exposé leurs priorités et leur vision de la gouvernance municipale.

Mobilité — désengorger sans dénaturer

Mirabel a doublé de population en deux décennies, et les routes peinent à suivre.
Roxanne Therrien a ouvert le bal en appelant à passer à l’action : « On connaît nos enjeux, on les vit tous les jours. Il est temps d’arrêter d’en parler et d’agir. » Elle a rappelé les navettes EXO ajoutées à Mirabel-en-Haut, Saint-Augustin et Saint-Canut, tout en insistant sur la nécessité d’un plan de mobilité active dans les secteurs urbains. « Se promener à vélo, à pied ou en trottinette, ça doit devenir possible et sécuritaire », a-t-elle plaidé, souhaitant aussi la mise en place de navettes intersectorielles entre les quartiers.

Pierre-Olivier Langlois a enchaîné sur le même ton d’urgence : « On a doublé la population en vingt ans, et nos infrastructures sont restées les mêmes. » Il a dénoncé des réseaux cyclables « faits en petits bouts » et mal connectés, tout en soulignant que « la sécurité routière, ce n’est pas qu’une affaire de panneaux, c’est une question de cohérence ».

Marc Laurin, pour sa part, estime que le problème découle des exigences de densification imposées par la Communauté métropolitaine de Montréal sans que les routes suivent : « La CMM nous pousse à construire plus, mais le MTQ n’a pas suivi. » Il propose de relancer le projet de prolongement de l’autoroute 13 par un partenariat public-privé et affirme que « les terrains sont déjà acquis, le tracé est là ».

Le sujet a fait réagir ses adversaires. Langlois s’est montré prudent : « Ce n’est pas parce qu’un tracé a été établi il y a dix ans qu’il fait encore du sens aujourd’hui. » Therrien, elle, a rappelé que la 13 relève du gouvernement provincial et que « ce n’est pas à un conseil municipal de faire avancer ce dossier-là ». Laurin a répliqué : « Si on attend que Québec s’en occupe, on va attendre encore longtemps. Il faut être proactif. »

Quand la discussion a dévié vers les solutions locales, Therrien a insisté sur l’importance du transport collectif actuel : « Si on veut éviter que nos jeunes s’achètent une voiture à 16 ans, il faut leur offrir autre chose. » Laurin a jugé qu’il fallait garder la tête froide : « Le transport en commun à Saint-Hermas ou Saint-Benoît, soyons honnêtes, c’est utopique. »
Langlois, lui, a ramené la discussion à la planification : « Le réseau de transport, comme nos pistes cyclables, est morcelé. On a des petits bouts qui ne se parlent pas. Il faut tout revoir. »

Sur la sécurité routière, les trois ont trouvé un terrain commun. Therrien a cité « 28 problématiques identifiées avec le MTMD » et « 11 actions à mettre en œuvre rapidement ». Laurin a souligné la nécessité d’un financement durable : « Les taxes sur les immatriculations devraient revenir ici, pour financer nos routes. » Langlois a conclu sur la collaboration régionale : « La nouvelle génération d’élus veut travailler ensemble. Mirabel doit reprendre sa place autour de la table. »

Photo Bruno Cloutier
Les candidats à la mairie de Mirabel — Roxanne Therrien (Mirabel Uni), Pierre-Olivier Langlois (Mouvement citoyen Mirabel) et Marc Laurin (Action Mirabel) — ont pris part au débat organisé par Infos Mirabel à l’hôtel Impéria. Un échange courtois, mais rempli d’enjeux pour l’avenir de la ville.

Vie démocratique — transparence et participation

Dans un climat politique encore marqué par les départs récents et le décès du maire Charbonneau, la question de la gouvernance et de la confiance citoyenne s’est imposée naturellement.

« Notre parti a été fondé sur trois valeurs : intégrité, transparence et communication », a déclaré Pierre-Olivier Langlois. Il souhaite rendre les séances du conseil plus interactives, permettre aux citoyens de poser leurs questions en ligne et réduire les délais de communication. « Quand le feu de forêt a éclaté, la Ville a mis douze heures à réagir, alors que la SOPFEU publiait déjà l’alerte. Ce genre de choses doit changer. »

Marc Laurin a axé sa réponse sur la participation citoyenne. « On veut que tout le monde se sente concerné, même les jeunes qui ne votent pas encore », a-t-il affirmé, annonçant son intention de créer un conseil jeunesse pour les 11 à 16 ans. « C’est la relève de demain, et elle doit apprendre dès maintenant à s’impliquer. »

Roxanne Therrien a insisté sur la proximité avec la population. « Être sur le terrain, écouter les gens, c’est la base d’une démocratie saine », a-t-elle dit, évoquant des sondages citoyens, des outils d’écoute et des consultations réelles sur les grands projets. « Quand on a tenu une consultation dans le dossier du Domaine Vert Nord, c’est la population qui a tranché. C’est ça, la démocratie participative. »

Interrogés sur la possibilité de diriger un conseil fragmenté, les trois ont affiché leur ouverture. Therrien voit dans la diversité « une richesse et un moteur de débat ». Langlois parle d’un apprentissage collectif : « Il faut viser le consensus, même si tout le monde ne sera pas content. » Laurin s’est dit prêt à travailler avec n’importe quel élu « tant que c’est pour les bonnes raisons, pas pour un intérêt personnel ».

Sur l’accès à l’information, les divergences ont refait surface. Langlois a déploré des lenteurs administratives, racontant qu’une demande de citoyens avait mis « dix jours pour obtenir seulement un accusé de réception ». Therrien a répliqué que « les délais sont prévus par la loi, et dix jours, c’est rapide ». Laurin a conclu le bloc en rappelant que « les citoyens ont accès à tous les membres de mon équipe, même à mon numéro personnel ».

Développement économique et environnement — la ligne fine

Le dernier thème a opposé trois visions du développement durable.
« Il faut trouver l’équilibre entre économie et environnement », a lancé Marc Laurin, rappelant que Mirabel dispose encore de 20 millions de pieds carrés à développer sur son site aéroportuaire. Il a évoqué la découverte d’une nappe phréatique majeure à Saint-Canut et la création d’une usine d’eau, ainsi que son souhait d’installer des compteurs d’eau dans les nouvelles habitations.

Roxanne Therrien a défendu une vision intégrée : « L’économie finance l’environnement, et l’environnement protège notre économie. » Elle a vanté le potentiel d’innovation du pôle aéronautique et la création du CIEM, le Carrefour d’innovation écoresponsable de Mirabel. « Mirabel peut rayonner à l’international par ses pratiques durables. »

Pierre-Olivier Langlois s’est montré plus critique. Selon lui, « nos cadres urbains sont désuets et ne reflètent plus la réalité ». Il appelle à « revoir le plan d’urbanisme et la couverture de risques », citant les incidents récents de contamination de l’eau. « On travaille encore avec des données de 2016. Mirabel a grandi trop vite pour sa propre planification. »

La question de l’eau a dominé la fin du débat. Therrien a tenu à rassurer : « Il n’y a pas de pénurie. L’autonomie visée pour 2035 est déjà dans le plan de gestion. » Laurin a ajouté : « On a trouvé une source à Saint-Canut, et on sera plus autonomes que jamais. » Langlois a maintenu que « la dépendance envers Saint-Jérôme et Sainte-Thérèse doit être revue à long terme », mettant en garde contre « les effets des changements climatiques sur la qualité de l’eau ».

Le futur parc aquatique Morea a servi d’exemple concret. Laurin a affirmé que « toutes les études environnementales ont été faites et les systèmes de récupération d’eau sont exemplaires ». Therrien a salué le projet, mais a insisté sur « l’importance d’une utilisation responsable ». Langlois a replacé la question dans une perspective globale : « Ce n’est pas qu’un projet, c’est une illustration de notre retard de planification. »

En conclusion, Roxanne Therrien a promis d’agir dès ses cent premiers jours sur les dossiers du transport, du logement et du soutien aux familles. Pierre-Olivier Langlois a plaidé pour une mise à jour des outils de planification et une gouvernance plus stratégique. Marc Laurin, enfin, a misé sur la continuité : sécurité publique, entretien des HLM existants et soutien aux jeunes.

Alors que la fragmentation d’Action Mirabel lors des dernières semaines laissait présager un débat explosif, le tout fut mené dans un climat courtois et respectueux. Cela a permis de faire ressortir trois approches distinctes d’une même réalité : celle d’un Mirabel en pleine croissance, cherchant à conjuguer ambition, cohésion et équilibre.

Vous pouvez écouter le débat intégral sur les applications et le site internet du Groupe JCL et Infos Mirabel, ainsi que sur YouTube.

Le vote par anticipation se déroulera le 26 octobre alors que le vote général sera tenu le 2 novembre. Vous pouvez vérifier votre inscription sur la liste électorale et consulter le lieu de vote sur le site web d’Élections Québec ou la Ville de Mirabel.

Pour en savoir plus :

Action Mirabel

Mirabel Uni

Mouvement citoyen Mirabel