«Ça n’a pas de bon sens. Je suis au désespoir ! À chaque jour, on m’envoie du nouveau monde. Ils commencent à savoir comment planter vers 4 h de l’après-midi et finissent à 6h. Le lendemain, tout est à recommencer», rage Pascal Lecault qui peut habituellement compter, à cette période de l’année, sur plus de 200 travailleurs étrangers pour effectuer les travaux sur sa ferme. Seulement 48 d’entre eux sont arrivés, mais ont été placés en isolement pour 14 jours.
«Il me semble que 7 jours ce serait suffisant ! J’ai besoin de ces travailleurs. Il n’y a pas un Québécois qui va faire la job comme il faut ! Chaque jour on m’envoie 18-20 gars de Montréal. Il faut les suivre et tout recommencer le travail !», ajoute Pascal Lecault qui estime perdre énormément d’argent en marge de cette crise.
«Je les paye 24 $ de l’heure pour faire la job tout croche ! Voir que ça a du bon sens !»
«Du cœur au ventre»
Le 17 avril, l’Union des producteurs agricoles (UPA) saluait l’investissement de 45 M$ annoncé par Québec pour favoriser un accès à la main d’œuvre pour travailler dans les champs.
«Pour répondre aux besoins importants du secteur agricole, mentionnait alors Geneviève Lemonde d’AGRIcarrière, les personnes qui ont du cœur au ventre et qui veulent appuyer les agriculteurs du Québec seront les bienvenus sur les fermes!».
Pour Pascal Lecault, ça prend beaucoup plus que du cœur au ventre pour travailler dans les champs.
«Il faut avoir de l’expérience, de l’endurance, un dos en spaghetti et des compétences particulières. Ce n’est pas n’importe qui peut faire ce travail. Les Québécois ont beaucoup de qualité, mais je peux vous dire par expérience qu’ils ne sont pas faits pour travailler dans les champs ! Ça nous prend absolument les travailleurs étrangers !»
Depuis une semaine, quelques-uns des 16 000 travailleurs étrangers nécessaires dans les champs de la province ont commencé à fouler le sol québécois. Les autres suivront… s’ils veulent bien quitter leur famille. Une fois arrivés, ils seront mis en isolement pour 14 jours.
«C’est sûr que nous sommes inquiets, a conclu Pascal Lecault. Nous pensons que nous, producteurs maraîchers offrons un service essentiel à la population canadienne. Si nous ne voulons pas être dépendants des Etats-Unis ou d’autres pays, et continuer de profiter de fruits et légumes à prix concurrentiels, nous avons besoin de ces travailleurs !»
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