Le 12 juin 1995, la vie de Donna Sénécal a basculé. Ce jour-là, sa fille unique de neuf ans, Joleil Campeau, a disparu, puis a été retrouvée morte quelques jours plus tard. Vingt ans après le drame, l’assassin a fait face à la justice. Dans Joleil, 9 ans pour toujours, livre autobiographique qui fera l’objet d’un prélancement le dimanche 2 août prochain à la bibliothèque Guy-Bélisle, à Saint-Eustache, Mme Sénécal se confie.
«Comment t’as fait? Moi, je ne serais capable de passer au travers!» Ces commentaires, Donna Sénécal les a entendus de nombreuses fois. D’où l’idée de raconter comment elle a apprivoisé cette mort si injuste et d’aider les gens en phase post-traumatique. «Quand les portes et les fenêtres sont barrées, on cherche la lumière dans le grand éventail de la vie. Celui où l’on ne peut vivre le bonheur que si l’on est heureux», dit-elle.
Au fil des années qui ont suivi la disparition de sa fille, Donna Sénécal a développé cette philosophie de vie, résultat d’une quête spirituelle visant à rester connectée à la lumière. Car malgré la profondeur de sa détresse, sa foi a toujours été bien présente. Et c’est ce dont elle a voulu témoigner en écrivant ce livre.
Dans son livre, elle relate d’abord son bonheur d’être la mère d’une fillette attachante et pleine de vie. Un bonheur qu’elle considère comme un miracle dans sa vie de femme. Puis, la disparition de cette enfant si aimée, marquée par le bouleversement chaotique et l’ampleur de la médiatisation des recherches.
Et l’horreur qui s’ajoute à l’horreur, les soupçons des policiers qui se tournent vers elle, dans un premier temps. Une situation inimaginable qui prendra fin lorsqu’ils découvriront le corps de la petite sous une roche, après avoir vidé le ruisseau, près de la demeure familiale, sur l’insistance du père de Joleil.
«Mon deuil est fait depuis longtemps, mais il ne sera jamais vraiment fini», avoue celle qui n’a jamais réussi à avoir d’autres enfants après la disparition de Joleil, malgré cinq ans de tentatives. S’ensuivront une rupture amoureuse difficile et une dépression.
Mme Sénécal travaillera par la suite et pendant des années comme éducatrice en garderie, un milieu où elle est fort appréciée.
En juin 2011, retour en arrière inattendu. Trahi par son ADN, Éric Daudelin comparaît au palais de justice de Laval pour le meurtre de Joleil Campeau. Un autre choc pour Mme Sénécal, qui a déjà mis des années à retrouver une vie normale.
Au terme d’un long procès, Daudelin sera reconnu coupable de meurtre prémédité, d’agression sexuelle et de séquestration.
Donna Sénécal a une belle plume. Elle sait captiver le lecteur, le toucher.
Ce qui est frappant dans ce long témoignage est l’immense humanité de cette mère malgré le drame qui l’accable. Même envers le meurtrier de la fille. «Daudelin, le geste qu’il a fait est condamnable, mais lui, il a besoin de réparation. Quand je l’ai vu au procès, j’ai compris qu’il l’avait eu dur», souligne-t-elle, en entrevue.
«Prendre soin de mes besoins et désirs, soigner mes blessures, c’est une cause plus importante que celle d’entretenir mes souffrances. La joie a été et restera la force la plus vénérée de ma vie», écrit-elle, en conclusion de son témoignage.
Un récit à lire absolument.