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À Kanesatake: Des citoyens marchent en mémoire des Amérindiennes disparues ou assassinées

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À Kanesatake: Des citoyens marchent en mémoire des Amérindiennes disparues ou assassinées

Publié le 10/10/2014

Comme ailleurs au pays, des citoyens ont marché, samedi dernier, sur le territoire de Kanesatake et d’Oka en plus de prendre part à la vigile organisée dans le cadre de la Journée de commémoration pour les femmes autochtones disparues ou assassinées, avec l’intention évidente de lancer un message clair au gouvernement Harper: il faut une commission nationale d’enquête.

Entre 1980 et 2012, autour de 1 182 Canadiennes d’origine amérindienne sont disparues ou sont mortes assassinées. La plupart d’entre elles avaient moins de 25 ans. On ne sait trop pourquoi elles sont tuées ni comment elles disparaissent, mais les Premières Nations aimeraient bien faire la lumière sur leur destin tragique.

«On sait que les femmes autochtones sont loin d’avoir atteint la même égalité que les Canadiennes. Elles sont victimes d’une violence systémique comme toutes les femmes, mais encore plus du racisme et du colonialisme. On a complètement acculturé leurs communautés et elles en subissent encore les effets. Elles ne se sentent plus en sécurité dans leur communauté qu’elle quitte parce qu’elles n’ont pas de perspectives d’avenir», explique Marie-Ève Surprenant, coordonnatrice de la Table de concertation de Laval en condition féminine.

Sans réseau social hors de leur communauté, donc vulnérables, elles deviennent des proies idéales pour la traite des femmes où on les force à se prostituer, fait remarquer Mme Surprenant.

Alors qu’elles ne constituent que 4,5 % de la population féminine au pays, elles représentent 12 % des Canadiennes disparues et 16 % de celles victimes d’homicide. «On ne sait pas si c’est une population ciblée, on ne sait rien», se désole Mary Hannaburg, représentante de la nation mohawk, à l’Association des femmes autochtones du Québec.

Cette dernière précise que les femmes autochtones subissent de la violence non seulement dans leur communauté, mais également dans les institutions gouvernementales comme le milieu carcéral et celui de l’éducation, en raison de leur origine amérindienne. «Si on diminue leur valeur, leur estime personnelle, on arrivera à les effacer de la carte», croit celle-ci, n’hésitant pas à parler de stigmatisation et de racisme.

Les mouvements féministes demandent donc à Ottawa de proposer un plan d’action national pour combattre la violence des femmes autochtones spécifique à leur milieu, à leur région et établi de concert avec les communautés autochtones.

Le grand chef du Conseil de bande de Kanesatake, Serge Simon, se désole de l’inaction du gouvernement Harper à l’endroit des communautés amérindiennes. Peu importe la problématique soulevée, le gouvernement fédéral se déresponsabilise des autochtones, observe-t-il. «Le meurtre des femmes autochtones, c’est inacceptable. Il faut trouver la cause pour qu’on puisse avoir les outils et faire cesser cela. Il faut que le gouvernement fédéral se réveille et arrête de jouer avec la vie des autochtones», insiste-t-il.

Présente à l’événement, la députée fédérale de Papineau-Argenteuil-Mirabel, Mylène Freeman, se dit solidaire de la cause autochtone. «Il n’y a pas une femme qui devrait être oubliée comme ça. C’est très décevant de voir que le gouvernement Harper ignore complètement les demandes des familles autochtones», affirme la députée qui se dit en faveur de la commission nationale d’enquête réclamée.