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100 ans du Domaine Lafrance

Photo : Léa Lemieux –

Éric Lafrance, propriétaire et président du Domaine Lafrance, entouré de son père Yvon et de son fils Charles.

100 ans du Domaine Lafrance

Publié le 20/06/2025

Au Domaine Lafrance, les décisions se prennent « autour de la table » à la maison. Bien connue pour ses vergers, ses cidres et ses spiritueux, l’entreprise établie depuis 100 ans à Saint-Joseph-du-Lac continue de fleurir de père en fils depuis cinq générations. Et la relève ne compte surtout pas s’arrêter.

Par un matin ensoleillé de juin, trois générations de Lafrance sont assises côte à côte dans le bistro du domaine. Les trois hommes travaillent dans l’entreprise familiale depuis qu’ils sont jeunes. Lorsqu’on demande à Yvon Lafrance ce qu’il admire chez son fils et son petit-fils, il répète une seule phrase. « Je suis bien fier de vous autres », souffle le doyen du trio, les yeux brillants.

Le Domaine Lafrance a été fondé en 1925 par George-Étienne Lafrance et son fils Wilfrid.

À l’âge de 21 ans, Yvon a pris la relève de l’entreprise de son père Wilfrid. Dans les années 90, Éric Lafrance, propriétaire actuel, a racheté le domaine à son père Yvon et l’a rendu accessible au public pour l’autocueillette. Et pour la suite, Charles, fils d’Éric et petit-fils d’Yvon, prévoit d’assurer la pérennité du Domaine Lafrance.

Des hauts et des bas en famille

Pour le propriétaire-président Éric, l’union fait la force du Domaine Lafrance. Lui est passionné par l’élaboration de ses produits et par la vente au détail. Sa femme Julie Hubert gère le côté administratif et sa belle-fille Éliza a « un talent naturel » pour le service à la clientèle. Charles aime davantage le côté agrotouristique et le marketing. Yvon, lui, est passionné par la pomiculture.

« On a tous des forces différentes. C’est un peu ça qui fait la réussite de l’entreprise. C’est un peu comme mon père avait ses forces. Moi, j’avais les miennes. On se complétait bien quand c’était le temps », souligne Éric. Selon lui, travailler en famille permet aussi d’éviter de répéter de « mauvais coups » ayant été faits auparavant. La transmission des connaissances est plus facile et plus directe, croit-il.

Pour Charles Lafrance, l’avantage de travailler en famille est de mieux se connaître que quiconque. « On ne passe pas par quatre chemins pour se dire ce qu’on a à se dire. Des fois, ça passe moyen. Mais après, on finit par se replacer », dit-il, sourire en coin.

Le duo père-fils au travail n’est pas toujours rose, mais c’est normal, juge son père Éric. « Des fois, on n’a pas toujours la même vision à long terme. Ce n’est pas évident de l’expliquer. Souvent, les personnes ne font pas ça pour nuire à l’autre. Tout ce qu’on veut, c’est grandir ensemble. Moi, j’ai beaucoup appris de mon père [Yvon] pour ça », dit le propriétaire.

L’amour de la nature et la créativité lient profondément les générations de la famille Lafrance, estime Éric. Puis, que ce soit pour planter de nouvelles variétés de pommes ou pour élaborer un nouveau produit, l’ingéniosité et la débrouillardise sont des qualités essentielles, soutiennent Charles et Éric.

Photo : Courtoisie Domaine Lafrance
Archives de la famille Lafrance.
 

La pression de la relève

Prendre la relève de l’entreprise familiale n’est pas nécessairement une tâche simple. « Il y a toujours un peu de pression  », confie Yvon. Son fils et son petit-fils approuvent d’un hochement de tête. Le futur propriétaire, Charles, ressent une pression surtout sur le plan de ses valeurs personnelles. « J’aime le fait que [l’entreprise] soit dans la famille depuis des générations », exprime-t-il.

Charles préfère trouver sa place dans l’entreprise familiale plutôt que de la voir être vendue à un étranger. Impliqué depuis trois ans à temps plein au domaine, il aime apprendre et toucher à tout. « On voit qu’il est passionné. On le voit sur nos enfants. Il faut qu’il soit heureux aussi », observe son père Éric.

De son côté, Éric avoue avoir eu une pression lors de l’acquisition de l’entreprise familiale, puisqu’elle était très différente de celle que l’on connaît aujourd’hui. « J’étais un peu visionnaire. Je me disais que j’avais des plans, mais je ne savais pas si ça allait marcher », illustre-t-il. Sa femme l’a épaulée et a cru en lui, ce qui l’a aidé. « Quand tu parles avec quelqu’un qui croit en tes projets, c’est plus facile qu’avec quelqu’un qui est fermé. On est ensemble là-dedans », explique le propriétaire.

Photo : Courtoisie Domaine Lafrance
Archives de la famille Lafrance

Un futur prometteur

La passion d’Éric Lafrance pour son travail se ressent toujours. C’est lui qui a développé et mis en marché les cidres et spiritueux du domaine il y a 25 ans. « Faire des cidres en 1996, c’était audacieux un peu, parce qu’il n’y avait pas beaucoup de gens qui buvaient ça. Les premiers clients, ça a pris trois ou quatre ans », dit Éric. Aujourd’hui, 60 à 70 % de la récolte de pommes sert à la production de cidres et de spiritueux, avance-t-il.

Nouveaux alcools, bistro tout neuf, investissements majeurs : les Lafrance ne chôment pas. Cependant, il est toujours possible de faire mieux, croient les trois hommes. « Il faut améliorer ce que le plus vieux a fait », résume Yvon.

Dans les années à suivre, Charles Lafrance souhaite développer le marché de l’entreprise en exportant leurs produits. Il aimerait voir leurs bouteilles sur les tablettes à travers le Canada et même dans d’autres pays. « Je pense qu’il y a énormément de potentiel là. Il s’agit juste de le développer et de faire rentrer dans la tête des gens qu’ici, c’est magique. »

Léa Lemieux
Journaliste stagiaire