Photographies, coupures de presse, lettres, livres de comptes et autres documents officiels composent alors cette exposition qui répond, nous disait Vincent Duhaime, à une sorte d’obsession qu’il cultive à l’égard de la disparition des traces.
Le Fonds P-107
«C’est comme un rêve qui se réalise. Ça fait plusieurs années que je sais que ces archives-là existent, mais avant 2014, c’était compliqué de les consulter» , évoque l’enseignant qui a vu une porte s’ouvrir lorsque ces quelque 255 boîtes remplies de documents divers ont pu sortir des Archives nationales, à Montréal, pour être rapatriées à Sainte-Thérèse, plus précisément à la Maison du citoyen, où elles constituent ce qu’on appelle un peu froidement le Fonds P-107.
«J’ai d’abord fait un dépouillement aléatoire des boîtes qui me semblaient contenir des choses intéressantes, avec l’objectif de couvrir le plus possible l’ensemble des activités de la vie d’un séminaire» , raconte M. Duhaime en énumérant les diverses sections de son exposition: les études, l’administration et la direction, les professeurs, l’histoire du bâtiment et la vie au Séminaire.
«Malheureusement, il y a des absents, nuance-t-il. Il n’y a pas de photos d’employés de soutien ni de professionnels. Il n’y a aucune femme, non plus, puisque c’était un séminaire pour les garçons. J’ai tout de même essayé de couvrir toutes les époques. Il y a donc autant de documents des années 1950 et 1960 qu’il y en a du XIXe siècle.»
Une valeur patrimoniale
Quant à la valeur historique des documents exposés, Vincent Duhaime la qualifie de «variable» et semble privilégier davantage le terme de «valeur patrimoniale» , une dimension qui lui apparaît indéniable. Ainsi, la lettre bourrée de fautes d’une mère écrivant au directeur pour lui signaler une erreur de facturation comporte, pour l’enseignant, une valeur symbolique et sociale.
«Un des documents les plus significatifs, poursuit l’enseignant, est un rapport financier datant de 1857 et qui se veut une description complète du Séminaire, à ce moment-là.» On y découvre notamment les sources de revenus de l’institution, tout comme on apprend, en parcourant la liste des élèves, que quatre d’entre eux proviennent des États-Unis et que la langue maternelle de huit séminaristes est l’anglais. «Ce sont des informations précieuses, juge Vincent Duhaime, qui ont une valeur historique, je dirais même à l’échelle de l’histoire du Québec.»
Et c’est sans compter tout ce qui peut nous toucher sur le plan humain, une lettre de Charles-Joseph Ducharme ou le journal intime d’un étudiant, par exemple. «Il y a aussi le regard des gens qui apparaissent sur les photos, des gens que je ne connais pas, qui sont tous disparus, des professeurs et des étudiants qui ont vécu entre ces mêmes murs. Pour moi, c’est extrêmement touchant» , confesse l’enseignant qui dit avoir également été ému par différentes lettres, citant par exemple celle d’un jeune homme qui suppliait pratiquement les autorités du Séminaire de l’accepter comme étudiant, même s’il n’avait pas les moyens de couvrir tous les frais.
Un lien avec le passé
Voilà donc un bref aperçu de ce que vous pourrez découvrir dans le cadre de cette exposition qui, comme son nom l’indique, ne raconte pas toute l’histoire du Séminaire, mais en livre tout de même des éléments d’intérêt tout en suggérant la profondeur des racines du Collège Lionel-Groulx, fait remarquer Vincent Duhaime: «Nous célébrons les 50 ans des cégeps, cette année, mais je souhaite que les gens retiennent que l’histoire de l’éducation, au Québec, est beaucoup plus longue que ça. Nous avons autant de raisons d’être fiers de ce qu’il y avait avant la Révolution tranquille que nous en avons d’être mécontents. L’essentiel, c’est de garder un lien avec ce passé.»
L’exposition Fragments de mémoires / Sur les traces de l’ancêtre du Collège Lionel-Groulx est présentée jusqu’au 28 mars, à la salle D-113-B du Collège Lionel-Groulx.
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